DJIBOUTI (archéologie)

DJIBOUTI (archéologie)
DJIBOUTI (archéologie)

DJIBOUTI, archéologie

En 1882, alors que Djibouti n’existait pas encore en tant que ville, G. Révoil signalait quelques pièces paléolithiques, mais les premières missions archéologiques ont été entreprises bien plus tard par H. Breuil et P. Teilhard de Chardin, imités par de nombreux amateurs.

En 1974, C. Thibault récoltait dans tout le pays de nombreux objets trouvés parfois dans les couches sédimentaires. Puis C. Roubet établissait un bilan des découvertes dans le Territoire français des Afars et des Issas (T.F.A.I.). Depuis l’indépendance du pays (1977), l’Institut supérieur d’études et de recherches scientifiques et techniques (I.S.E.R.S.T.), dirigé par Anis Abdallah, a coordonné les études archéologiques, et de nouvelles étapes ont été franchies: L. de Bonis et son équipe découvraient dans le Gobaad une première trace d’hominidé, un maxillaire d’Homo sapiens archaïque. Depuis 1985, J. Chavaillon et ses collègues préhistoriens et paléontologues prospectent les gisements de Barogali, Haïdalo, Ali Sabieh, Obock. Parallèlement, R. Joussaume a entrepris avec son équipe l’étude des sites protohistoriques. Enfin, J. Leclant et J. Desanges recherchent les installations portuaires des premiers voyageurs et colons.

L’Oldowayen, période qui précède l’Acheuléen, n’est affirmé que dans ses dernières phases. Cependant, de rares pièces, le polyèdre de l’oued Kalou, les galets taillés d’Anabokkoma et de l’oued Chekeyti, trouvés in situ, peuvent être attribués à cette culture. Dans le site de dépeçage de Barogali, près d’As-Eyla, se trouvait un éléphant (Elephas recki ileretensis ) daté de 1,6 à 1,3 millions d’années. Les pattes et côtes brisées, le crâne défoncé, la mâchoire déboîtée de cet animal et cinq cents objets lithiques — choppers, polyèdres, boules de pierre, éclats — témoignent de l’activité d’un groupe humain. C’est un habitat provisoire — occupé pendant une quinzaine de jours — où les hommes ont utilisé des broyeurs, des hachoirs et des couteaux pour consommer une charogne, produit ou non de leur chasse, dans un marécage proche de l’ancienne vallée de l’Aouach. Cette région du Gobaad est riche en vestiges paléontologiques, tel cet éléphant (E. recki recki ) noyé il y a 1 million d’années et rapidement enseveli, sans qu’aucun prédateur en ait brisé ou dispersé les ossements et dont on a retrouvé le squelette presque complet dans le site de Haïdalo.

L’Acheuléen est généralement caractérisé par la présence de bifaces et de grands éclats, retouchés ou non, ayant été débités à partir de rognons ou blocs (nucléus). On connaît assez bien dans cette région l’outillage de l’Acheuléen moyen et supérieur, quoique les bifaces ne soient pas nombreux, exception faite d’un site de l’oued Sadaï. Les principaux gisements se trouvent dans la région d’Obock et d’Ali Sabieh, à Dasbbyo, Armakato, Gombourta As, Oflé, etc.

Les sites du Paléolithique moyen sont abondants, mais moins précis. On sait que pour la taille de la pierre on utilisait souvent la méthode Levallois. L’outillage est diversifié, avec racloirs, pointes et quelques bifaces de petites dimensions: Goh, Goderia, Obock au nord du golfe de Tadjoura; Gombourta As, Ali Sabieh, Armako, au sud. Le débitage de lames et de lamelles domine au Paléolithique supérieur, et l’on a découvert des ateliers de taille à proximité des lieux d’habitats à Girrori, au nord de Tadjoura.

La Préhistoire récente débute avec les sociétés nouvelles appelées souvent néolithiques, bien que la pierre polie n’y soit pas connue. Il y a 6 000 ans, des populations de pêcheurs s’étaient installées sur le rivage occidental du golfe de Tadjoura. On a retrouvé leurs constructions circulaires faites de blocs de basalte ainsi que des amas de coquilles d’huîtres, qu’ils appréciaient particulièrement. De rares outils de pierre y étaient associés: quelques microlithes et des pics en basalte. Près d’As-Eyla, le dôme volcanique d’Asa Koma dominait de vastes marécages et servait d’habitat, voici 4 000 ans, à des pêcheurs dont on retrouve des foyers, des vestiges alimentaires, des vases en céramique modelée et décorée au peigne. De très nombreux éclats, des segments de cercle, des racloirs et quelques pointes permettent de rattacher cette culture au complexe de Wilton. S’agit-il de l’installation de chasseurs-cueilleurs ou bien de l’habitat temporaire de paysans s’adonnant à la pêche? Au centre de l’habitat se trouvaient quelques tombes, les corps ensevelis avaient subi un fléchissement marqué des jambes.

Sur les parois rocheuses de coulées de lave, les hommes ont gravé l’image d’animaux, sauvages et domestiques: bœufs et chèvres, mais aussi dromadaires et chevaux que montent parfois des guerriers portant une lance et un bouclier. Au nord, on en trouve dans les sites de Dorra et de Balho; au sud, dans ceux de Turka-Madobé et de Yangoulakoma, sans oublier les girafes de Garabaïs. On peut y déceler plusieurs phases et différents styles. Les premières gravures de bovidés à longues cornes se situeraient à la limite du \DJIBOUTI (archéologie) IIIe et du \DJIBOUTI (archéologie) IIe millénaire. Certaines antilopes et girafes peuvent dater du \DJIBOUTI (archéologie) IVe millénaire. La technique la plus utilisée était le piquetage.

Au \DJIBOUTI (archéologie) XVIe siècle, des populations de fermiers avaient installé des villages aux maisons rondes et aux murs de pierres équarries, tel Handoga, près de Dikhil. Sur le rivage de la mer Rouge, des colons du monde méditerranéen étaient devenus les indispensables intermédiaires entre les populations nomades, parfois sédentarisées, et le peuple de commerçants qui, de bateaux en caravanes, faisaient connaître l’Afrique orientale, ses épices, ses ivoires, ses mines d’or.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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